Description du lieu patrimonial

La chapelle et le cimetière de la Pointe-à-Major sont situés dans le village de l’Anse-des-Belliveau à la Baie-Sainte-Marie, presque au bout d’un chemin non asphalté et un peu en retrait d’une longue plage bordée d’une dune sur le bord de la baie Sainte-Marie. La désignation de patrimoine municipal a été accordée à la chapelle, au cimetière et au cairn commémoratif sur lequel il y a une plaque.

Valeur patrimoniale

La valeur patrimoniale du cimetière de la Pointe-à-Major repose sur les personnes qui y sont enterrées et les familles acadiennes qui ont colonisé la région. Certaines de ces familles avaient échappé à la déportation de 1755 et d’autres étaient revenues en Nouvelle-Écosse plus tard et s’étaient installées dans la région. Le lieu tire également son importance de la petite chapelle qui est sur le site depuis 1892 et du cairn commémoratif.

Selon la tradition locale, Pierre (Piau) Belliveau s’échappe de Port-Royal en bateau avec sa famille et d’autres Acadiens à l’automne 1755 alors qu’on procède à l’expulsion des Acadiens. Les réfugiés atteignent la Pointe-à-Major, où ils passent l’hiver. Les conditions rigoureuses qu’ils affrontent ont raison de plusieurs d’entre eux qui meurent et sont enterrés ici, bien que l’emplacement exact de leur sépulture ne soit pas connu. Au printemps 1756, le petit groupe quitte la pointe et traverse la baie en bateau pour se rendre à l’embouchure du fleuve Saint-Jean et atteindre ensuite la baie des Chaleurs dans le nord du Nouveau-Brunswick. Jean Belliveau, le frère de Piau, revient plus tard et fonde le village de l’Anse-des-Belliveau.

À partir de 1764, les Acadiens sont autorisés à revenir en Nouvelle-Écosse. En 1770, ils sont même encouragés à le faire car les politiques du gouverneur de la Nouvelle-Écosse, Michael Francklin, garantissent aux Catholiques le droit de pratiquer leur religion et d’obtenir des terres. Amable Doucet et sa femme, Marie, sont parmi les Acadiens qui s’installent à l’Anse-des-Belliveau en 1770. Marie Doucet décède l’année suivante et est enterrée au cimetière de la Pointe-à-Major. Son enterrement est le premier à être inscrit dans le registre et la stèle funéraire à sa mémoire est la seule qui existe dans le petit cimetière.

À l’automne 1774, le père Joseph-Mathurin Bourg, un missionnaire récemment nommé vicaire général en Acadie, arrive à l'Anse-des-Belliveau et célèbre la messe, la deuxième à être célébrée à Clare. Il bénit aussi le cimetière, lui conférant ainsi son statut officiel de cimetière. On continue d'enterrer des gens au cimetière de la Pointe-à-Major jusqu'à environ 1790, époque à laquelle on établit un nouveau cimetière près du village de Pointe-de-l’Église.

Pendant 76 ans, le vieux cimetière est laissé à l'abandon. En 1866, en préparation pour une fête locale, le cimetière est nettoyé et débarrassé des broussailles et détritus qui s’y sont accumulés avec les ans. Malheureusement, une fois la fête terminée, le cimetière est de nouveau abandonné.

En 1889, grâce aux efforts d’un nouveau prêtre dans la paroisse, les habitants de la localité se rassemblent à nouveau pour nettoyer le vieux cimetière. À ce moment-là, la plupart des stèles funéraires ont disparu et il est difficile de trouver les tombes. On érige une clôture autour du cimetière et on plante une grande croix en cèdre au milieu. Les gens construisent également une petite chapelle en bois sur les lieux. Le 8 septembre 1889, on y célèbre une messe solennelle et on y récite des prières pour les morts.

En 1892, on construit une plus grande chapelle pour remplacer la première. C’est celle qui existe toujours au cimetière de la Pointe-à-Major. Beaucoup de gens viennent sur les lieux durant l'année pour des célébrations religieuses et patriotiques et une visite à l'endroit où reposent leurs ancêtres. En 2004, le cimetière de la Pointe-à-Major est l’un des lieux de rassemblement lors des célébrations du 400e anniversaire de l'arrivée des Acadiens, célébrations qui attirent des gens d’ascendance acadienne de partout dans le monde.

Ces visites de particuliers et de groupes soulignent l’importance affective que l’endroit présente toujours pour la population acadienne locale.

Source : Dossier du patrimoine municipal, Municipalité du district de Clare, 1185, route 1, c. p. 458, Petit-Ruisseau (N.-É.) B0W 1Z0

Éléments caractéristiques

Les éléments caractéristiques du cimetière de la Pointe-à-Major incluent notamment :
- une petite chapelle avec charpente et revêtement en bois;
- des croix commémoratives en bois portant le nom des personnes enterrées sur les lieux;
- une collection d'articles religieux et commémoratifs, notamment un livre des visiteurs, des statues et des chandelles;
- une grande croix blanche au milieu du cimetière;
- une stèle funéraire en pierre;
- une clôture en bois tout autour du cimetière;
- un cairn commémoratif avec une plaque.