30 ans de protection des édifices fédéraux du patrimoine!
Saviez-vous que les édifices patrimoniaux appartenant à des
ministères fédéraux sont soumis à une politique différente des
autres lieux patrimoniaux? En effet, afin protéger la valeur
patrimoniale de son parc immobilier, le gouvernement créait en 1982
le Bureau
d'examen des édifices fédéraux du patrimoine (BEÉFP). Depuis
30 ans, le BEÉFP aide les ministères à protéger leurs édifices
patrimoniaux, conformément à la Politique du Conseil du Trésor sur
la gestion des biens immobiliers.
Le BEÉFP de Parcs Canada a été créé par le gouvernement fédéral
afin de répondre aux préoccupations des Canadiens qui
s'inquiétaient de voir que leur gouvernement n'assumait pas la
responsabilité de la protection et de la gestion des édifices
fédéraux du patrimoine.
En 1979, le Cabinet a enjoint Parcs Canada, à titre de principal
organisme gouvernemental préoccupé par la protection des bâtiments
historiques, à élaborer une nouvelle politique sur la conservation
et l'utilisation continue des édifices patrimoniaux dont le
gouvernement fédéral était propriétaire, notamment en prévoyant des
moyens de les identifier, de les évaluer, de les désigner et de les
protéger. Le gouvernement de l'époque avait alors reconnu qu'un bon
entretien et de bonnes pratiques de conservation se traduisaient
par une utilisation plus efficiente de ses édifices. Le Cabinet a
approuvé la création du BEÉFP en janvier 1982 ainsi qu'une
politique claire établissant les principes et les procédures
d'incitation à la conservation et à l'utilisation continue des
édifices patrimoniaux sous la responsabilité du gouvernement
fédéral.
Pour commencer, il fallait mettre en place un processus objectif
d'évaluation des bâtiments. L'adoption d'une version modifiée de L'évaluation des
bâtiments historiques (1979) du professeur Harold Kalman a
permis d'éviter tout favoritisme. Cette brève publication avait été
produite par l'Inventaire des bâtiments historiques du Canada
(IBHC) de Parcs Canada afin d'aider à la difficile tâche de
déterminer la valeur patrimoniale des bâtiments. Bien qu'il fût
très fortement axé sur l'architecture, le processus a néanmoins été
adopté par la plupart des administrations municipales et
provinciales au Canada. Comme la méthode d'évaluation du professeur
Kalman a été adoptée par le BEÉFP, les Canadiens peuvent être
assurés que le gouvernement fédéral évalue les bâtiments sans
influence externe qui pourrait changer le résultat du processus
d'évaluation. Avec le temps, à mesure que des bâtiments étaient
désignés, conservés, vendus et démolis, d'autres processus ont été
mis en place afin de préserver les édifices les plus
importants.
Le BEÉFP est devenu la « norme d'excellence » en
matière de conservation et un chef de file international de la
gestion du patrimoine public. Son mandat et ses rôles consultatifs
sont précisés dans la
Politique sur la gestion des biens immobiliers du Conseil du
Trésor. À titre d'organisme consultatif, le BEÉFP
encourage et favorise la conservation du patrimoine au sein du
gouvernement fédéral et cerne la valeur patrimoniale des bâtiments
de 40 ans et plus, ce qui permet de mieux gérer les bâtiments qui,
autrement, auraient fait l'objet de décisions mal éclairées.
Le BEÉFP a contribué à l'orientation de projets de conservation
au profit de tous les intervenants dans de nombreuses collectivités
au Canada. Le Centre d'accueil du parc
Jasper, lieu historique national et édifice fédéral classé, a
fait l'objet d'un projet de réhabilitation réussi. Le phare de l'île du
Pot-à-l'Eau-de-Vie à Saint-André, au Québec, a été restauré
avec succès grâce aux conseils du BEÉFP. La Tour de l'horloge, monument
distinctif de Montréal, a été construite en 1919 en l'honneur des
soldats canadiens. Elle est toujours debout grâce aux conseils du
BEÉFP. Le Musée canadien de la
nature a fait l'objet de grands travaux de réhabilitation et de
restauration pour les visiteurs de la capitale fédérale.
Le BEÉFP de Parcs Canada est le seul organe consultatif du
gouvernement fédéral qui répond de l'état des bâtiments protégés.
Actuellement, seulement 4 % des édifices fédéraux sont
désignés comme édifices du patrimoine. Si cela peut sembler minime
par comparaison aux 25 % des édifices fédéraux protégés par le
gouvernement des États-Unis, les plus importants édifices fédéraux
patrimoniaux du Canada sont des « joyaux » d'architecture
qui relatent l'histoire du Canada.
Hall Beach (Nunavut) : Seule
station radar du réseau DEW datant de la guerre froide encore
intacte au Canada - ce fut pendant des décennies la première ligne
de défense contre une attaque des Soviétiques en Amérique du Nord
(photo).
Monument Brock, Queenston (Ontario)
: Monument construit en 1850 pour commémorer la bataille
des Hauteurs de Queenston et son héros mort au combat,
sir Isaac Brock, pendant la guerre de 1812 - le monument a été
payé par des dons publics des habitants du Haut-Canada.
Édifice Sir John A. Macdonald, Ottawa
(Ontario) : Édifice monumental de style Art Deco des
années 1930 faisant l'objet de travaux de réhabilitation majeurs en
vue d'un changement de vocation. Le caractère impressionnant du
grand hall de banque est conservé et protégé conformément aux
Normes et lignes directrices pour la conservation des lieux
patrimoniaux au Canada.
Hôtel Dalvay-by-the-Sea,
Île-du-Prince-Édouard : D'abord construit comme
résidence privée en 1896, le bâtiment a été converti en luxueux
hôtel de villégiature estivale en 1932. Acquis par le gouvernement
fédéral à la fin des années 1930, l'édifice continue d'offrir les
douceurs de l'hospitalité à l'ancienne.
Cabane de Robert Service,
Dawson (Yukon) : Lieu de résidence du fameux poète Robert
Service alors qu'il écrivait son œuvre la plus importante sur la
ruée vers l'or au Canada, ce bâtiment rare est étroitement associé
au développement rapide de Dawson et à l'influence de
l'exploitation minière dans la région.
Complexe de l'Office
national du film, Montréal (Québec) : Lieu de
création des grands documentaires et des premières œuvres
cinématographiques du Canada qui, au fil des décennies, ont récolté
plus de 12 Oscars et 70 nominations!
Refuge du col Abbot, Banff
(Alberta) : Construit par des guides suisses dans les
années 1920, ce refuge en pierre pour randonneurs et alpinistes est
le plus élevé (en altitude) des édifices fédéraux du patrimoine
(photo).
Secteur des hangars, Borden
(Ontario) : Les Canadiens peuvent être fiers de
posséder les hangars de la Première Guerre mondiale les mieux
préservés au monde. Construits en 1917 pour le Royal Flying Corps
et le Royal Naval Air Service, ces hangars ont été témoin de
nombreux exploits palpitants et périlleux de l'histoire aérienne et
militaire du Canada.
Édifices
et terrains de la Colline parlementaire, Ottawa
(Ontario) : Joyaux de la démocratie canadienne, les
magnifiques édifices de style néo-gothique qui surplombent la
rivière des Outaouais sont le symbole de nos traditions politiques.
Le BEÉFP a agi comme conseiller pour la restauration de la
Bibliothèque du Parlement, et c'est là « son » symbole de
réussite.
Tour Cabot, St. John's (Terre-Neuve et
Labrador) : Construite en 1900 pour marquer le voyage
de John Cabot en Amérique du Nord en 1497, cette tour est connue
comme le berceau des communications de l'ère moderne (photo). Le
premier signal transatlantique y a été reçu par Guglielmo Marconi
en 1901, et en 1920 la tour a reçu la toute première communication
transatlantique de la voix humaine!
Ces lieux sont la propriété des ministères et organismes du
gouvernement fédéral qui les gèrent et les utilisent en fonction de
leurs besoins et aussi au bénéfice des Canadiens. Le BEÉFP de Parcs
Canada joue un rôle important au sein du gouvernement fédéral en
conseillant les ministères et organismes gardiens sur la façon de
respecter et de protéger le caractère patrimonial de leurs
édifices, tout en réalisant des économies pour les contribuables
par l'application de mesures d'entretien, de conservation et de
réutilisation des édifices gouvernementaux. Bien avant que le
concept de « durabilité » ne devienne à la mode, les
efforts de conservation du BEÉFP de Parcs Canada étaient
effectivement « durables ». Même après trente années, le
BEÉFP reste fidèle à ses principes directeurs d'origine :
respecter et préserver le caractère patrimonial des édifices
fédéraux.