Description du lieu patrimonial

Le lieu historique national du Canada de l'Arrondissement-Historique-de-La Malbaie est niché à flanc de montagne sur une étroite bande de terre longue de 8 kilomètres, donnant sur le fleuve Saint-Laurent, dans la région de Charlevoix, au Québec. Un des plus anciens lieux de villégiature au pays, le lieu désigné comprend plus de deux cents bâtiments principaux et secondaires datant principalement de l’âge d’or de la villégiature, c’est-à-dire de 1880 à 1930, ainsi que des composantes plus récentes. Les bâtiments principaux sont pour la plupart associés directement à la villégiature par leur usage, tel que les hôtels/restaurants, les résidences, et les lieux associés aux loisirs. L’arrondissement historique de La Malbaie se caractérise également par la présence de très nombreux panoramas sur le fleuve et de chemins, parfois sinueux, où s’implantent des cottages de bois. La reconnaissance officielle du lieu vise les lignes de lots des terrains inclus dans l’arrondissement, ainsi que les limites naturelles du lieu et les voies historiques associées à la villégiature à La Malbaie.

Valeur patrimoniale

L'arrondissement historique de La Malbaie a été désigné lieu historique national du Canada en 2007 parce que :
- un des plus anciens lieux de villégiature au Canada, il témoigne toujours de manière éloquente de ce phénomène qui a eu cours du milieu du XIXe siècle aux premières décennies du XXe siècle;
- avec ses panoramas grandioses sur le majestueux fleuve Saint-Laurent, ses résidences d'été et ses charmants hôtels et auberges plantés dans un décor champêtre et pittoresque, et avec son environnement propice au repos et aux loisirs extérieurs, il illustre clairement le mode de vie estival qui a fait sa renommée de 1880 à 1950.

La valeur historique de l’arrondissement historique de La Malbaie repose notamment sur sa fonction de lieu de villégiature. Son utilisation et ses liens historiques sont tributaires de ce phénomène qui a marqué le Canada du milieu du XIXe siècle jusque vers 1930. La Malbaie est l’une des premières contrées à avoir accueillies des estivants. Avec l’importance du transport maritime, ce phénomène s’est rapidement ancré au point d’en transformer sa nature jusqu’alors rurale et isolée. La Malbaie était alors devenu un lieu de villégiature très exclusif, offrant toutes les caractéristiques essentielles à sa renommée, un cadre et un emplacement incomparables, ainsi que de nombreuses ressources mises à la disponibilité des estivants.

À ses débuts, la villégiature coïncide avec l’apparition d’une bourgeoisie née de la révolution industrielle et des changements socio-économiques qui s’en suivent. À cette période, les bains de mer et l'air pur de la campagne sont devenus une solution à l'insalubrité des villes, des espaces naturels préservés de l’industrialisation rapide. Les estivants occupaient de belles résidences sur le chemin des Falaises et allaient régulièrement au Manoir Richelieu pour y tenir de grandes réceptions. Encore aujourd’hui, de nombreuses ressources permettent de témoigner de l’importance de La Malbaie durant toute la période de l’âge d’or de la villégiature au Canada. Avec son patrimoine bâti et paysager, l’arrondissement historique de La Malbaie est toujours représentatif des hauts lieux de villégiature canadiens.

Source : Commission des lieux et monuments historiques du Canada, Procès-verbal, décembre 2005.

Éléments caractéristiques

Les principaux éléments qui confèrent au lieu sa valeur patrimoniale sont les suivants :
- son emplacement le long du fleuve Saint-Laurent, dans la région de Charlevoix, au Québec;
- son cadre environnant, propice à la villégiature, à la géomorphologie particulière d’une grande beauté, où se côtoient l’eau, la forêt et la montagne;
- le fleuve Saint-Laurent comme élément naturel important du secteur, y compris son rôle d’accès au site tel qu’évoqué par le quai de plaisance ayant remplacé celui de débarquement;
- une partie du bâti implanté en fonction des vues possibles sur le fleuve, et la rue du Quai et le chemin du Havre rappelant le lien au fleuve;
- l’implantation des résidences et des hôtels sur des grands terrains paysagers ainsi que le tracé parfois sinueux et un peu capricieux de certaines rues s’étirant depuis le quai, au pied ou à flanc de montagne ou sur des espaces dégagés près du fleuve;
le mélange des différentes vocations des bâtiments, parfois résidentiels parfois commerciaux, et les fonctions et utilisations traditionnelles qui se poursuivent dans le secteur;
- la présence de lieux de loisirs d’origine ou rappelant les activités de villégiature ayant perdurées, y compris les deux terrains de golf et quelques courts de tennis et piscines;
- les ressources datant de l’âge d’or de la villégiature, c’est-à-dire de 1880 à 1930, ainsi que certaines ressources plus contemporaines;
- l’intégrité des caractéristiques physiques particulières des bâtiments et des structures de l’arrondissement historique, définis par la taille, la forme, les matériaux, la conception dont les coloris et la finition;
- les principaux matériaux de construction, y compris l’utilisation répandue du bois à travers la presque totalité du bâti de La Malbaie;
- les établissements d’hébergement, notamment le second Chamard’s Lorne House (aujourd’hui le manoir Charlevoix), l’une des plus anciennes ressources hôtelières conservées à La Malbaie;
- la présence du second Manoir Richelieu dans un cadre privilégié, son style Château, sa volumétrie, sa construction en béton armé, son toit fortement découpé, avec tours, tourelles et pignons pointus, son corps principal et ses ailes secondaires gracieusement articulées et sa galerie panoramique sur le fleuve ainsi que son décor intérieur élégant avec des poutres qui imitent à la perfection des poutres de bois;
- la concentration des prestigieuses résidences d’été sur le chemin des Falaises;
- la typologie des bâtiments du secteur, y compris les simples constructions inspirées de la maison traditionnelle québécoise, charlevoisienne, et particulièrement la présence de l’architecture de cottage, qu’il soit anglo-normand, québécois ou pittoresque;
- les villas construites par le maître d’œuvre Jean-Charles Warren, qui s’inspirent du vocabulaire gothique et illustrent une prédilection pour l’intégration des formes architecturales aux contours des sites, conjugués avec une façon très « Arts and Crafts » de concevoir les intérieurs;
- les différents styles des résidences estivales, qui ont des caractéristiques communes comme des grandes galeries, d’amples toitures souvent percées de lucarnes, de nombreuses ouvertures grandes et panoramiques, la présence de volets décoratifs et des structures associées comme des pavillons secondaires, des murets, des clôtures et des portillons;
- plusieurs vues imprenables sur et depuis le fleuve Saint-Laurent.