Description of Historic Place
Le site archéologique de la Pointe-du-Buisson, classé en 1975, correspond à un lieu d'établissement amérindien saisonnier de pêche habité régulièrement pendant cinq millénaires. Son territoire s'étend sur une superficie de 21 hectares, sur un plateau recouvert d'une érablière à caryers. Un espace déboisé occupe l'extrémité de la pointe qui inclut un laboratoire-réserve, un pavillon d'interprétation et un jardin de fossiles. Le site englobe une pointe bordée de rapides formés par la confluence de la rivière des Outaouais, du fleuve Saint-Laurent et du lac Saint-Louis. Il fait partie du secteur Melocheville de la municipalité de Beauharnois. Il est inscrit à l'Inventaire des sites archéologiques du Québec.
Heritage Value
La valeur patrimoniale du site archéologique de la Pointe-du-Buisson repose sur son intérêt pour l'histoire de l'archéologie au Québec. Il s'agit du site le plus étudié au Québec et son étude a fortement contribué à l'avancement des recherches archéologiques québécoises. Lieu de l'école de fouilles dirigées par les archéologues du Département d'anthropologie de l'Université de Montréal de 1977 à 2000, ce site a fait l'objet d'une trentaine de campagnes de fouilles. Environ 1 800 000 objets y ont été découverts. Il a suscité la production de nombreux rapports, articles, livres, mémoires et thèses portant sur des aspects très variés de l'occupation, dont des analyses spécialisées sur le matériel céramique et lithique ainsi que sur les restes osseux (zooarchéologie). Le Parc archéologique de la Pointe-du-Buisson, ouvert en 1986, poursuit une mission didactique en permettant au public de découvrir ce patrimoine unique.
La valeur patrimoniale du site repose aussi sur son intérêt pour l'histoire de l'occupation amérindienne et sur son intérêt anthropologique. Il témoigne des groupes culturels variés qui, au cours des millénaires, ont parcouru l'axe de communication entre les Grands Lacs et le golfe du Saint-Laurent. Ce site évoque les transformations adaptatives des Amérindiens depuis la période de l'Archaïque laurentien (6000-4200 ans avant aujourd'hui), jusqu'à l'époque historique où Amérindiens et Européens y font halte avant de poursuivre leur route au-delà des rapides qui bordent le site. Pendant 5000 ans, la pêche a été le principal moyen de subsistance des occupants du site qui ont bénéficié de la diversité et de l'abondance des espèces de poissons. Durant le Sylvicole moyen tardif (500 à 1000 ans de notre ère), alors que la fréquentation du site est la plus intense, une forme de semi-sédentarisation s'instaure de la fin de l'hiver jusqu'à l'automne. Ce phénomène peu commun a possiblement mené à la sédentarisation des Iroquoiens peuplant la vallée du Saint-Laurent. Les instruments de pêche utilisés sont simples mais efficaces, notamment des armes de jet et des hameçons. Des barrières auraient été aménagées pour capturer le poisson. La pêche se poursuit à la période historique. Au XIXe siècle, les Amérindiens la pratiquent toujours à l'aide de harpons la nuit à la lueur d'un flambeau. Le site a été fréquenté saisonnièrement de façon presque ininterrompue durant 5000 ans, et aucun autre site au Québec n'a connu une aussi importante séquence chronologique et culturelle.
La valeur patrimoniale du site repose également sur son intérêt archéologique. Il constitue un site clé pour comprendre l'adaptation des Amérindiens à une économie de pêche en rivière ainsi que le phénomène de sédentarisation. La Pointe-du-Buisson occupe une position stratégique. En effet, les conditions hydrographiques en font un lieu de portage pour franchir de forts rapides, tandis que la richesse des ressources halieutiques et le couvert végétal, qui compte une érablière à caryers, en font un secteur d'établissement saisonnier privilégié. Le site a révélé notamment des restes d'anciens sentiers de portage, des artefacts et écofacts, tels que harpons, hameçons, poids de filet, restes fauniques, poterie, outillage lithique et objets de traite, ainsi que des traces d'établissements saisonniers, foyers, fosses funéraires. Le site démontre la richesse, la longévité et la pérennité des cultures autochtones et permet de comprendre cinq millénaires d'occupations, les changements de comportement et l'importance de la pêche de rivière. Par ailleurs, la portion résiduelle du site est immense. Les nombreuses interventions sur le terrain n'ont pas affecté le potentiel de recherche et le potentiel de mise en valeur demeure très élevé. La Pointe-du-Buisson figure au rang du plus important site québécois pour documenter la pêche en rivière durant la préhistoire.
Source : Ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine du Québec, 2009.
Character-Defining Elements
Les éléments clés du site archéologique de la Pointe-du-Buisson comprennent, notamment :
- l'intégrité de plusieurs éléments du milieu naturel, dont l'érablière à caryers;
- sa situation à la confluence du fleuve Saint-Laurent, de la rivière des Outaouais et du lac Saint-Louis;
- sa portion résiduelle renfermant des contextes archéologiques propices à la recherche et à l'interprétation du lieu.