Description du lieu patrimonial

Le mausolée des évêques, cité monument historique, est un bâtiment religieux de tradition catholique érigé en 1965 et 1966. Ce bâtiment en béton, inspiré par l'expressionnisme formel, présente un plan irrégulier. Le corps de bâtiment de plan semi-ovale est bas, refermé et surmonté d'un toit à deux versants irréguliers. Il est complété d'une chapelle funéraire de forme semi-conique, percée à sa base de larges ouvertures non cloisonnées. Le mausolée des évêques est situé au centre du cimetière Saint-Michel, dans la ville de Trois-Rivières.

Valeur patrimoniale

La valeur patrimoniale du mausolée des évêques repose sur son intérêt architectural. Il est représentatif de l'influence de l'expressionnisme formel sur l'architecture religieuse québécoise dans la deuxième moitié du XXe siècle. Ce courant s'inscrit dans le mouvement moderne qui marque une rupture avec les styles historiques par l'utilisation de nouveaux matériaux comme le verre, le béton ou l'acier, et par la mise en valeur des formes pures. L'expressionnisme formel émerge au Québec au cours des années 1960, à la fin de la période moderne en architecture. Il met de l'avant la dimension plastique et sculpturale des bâtiments par ses volumes et ses textures. Le mausolée des évêques, érigé en 1965 et 1966, témoigne de ces principes. Le monument de plan irrégulier est entièrement fait de béton armé présent sous des aspects variés. Les formes de la structure sont empreintes d'un symbolisme propre aux fonctions de chacune de ses parties. La chapelle évoque l'ascension des âmes par sa forme en demi-cône élancé. Sa base, ouverte sur deux côtés, permet une libre circulation entre l'intérieur et l'extérieur. Le mausolée, qui jouxte la chapelle, présente un profil plus bas. Ses murs, essentiellement percés de soupiraux, sont beaucoup moins ouverts que ceux de la chapelle, afin de rappeler le repos des corps en terre.

La valeur patrimoniale du mausolée des évêques repose également sur son intérêt commémoratif. Il est érigé pour accueillir les dépouilles des évêques du diocèse de Trois-Rivières. Ils sont d'abord inhumés au sous-sol de la cathédrale de l'Assomption. L'aménagement de deux salles communautaires dans les années 1960 oblige le déplacement des dépouilles mortelles. Un mausolée leur est donc construit dans le cimetière Saint-Michel. Mgr Thomas Cooke (1792-1870), premier évêque du diocèse en 1852, ainsi que ses successeurs, Mgr Louis-François Richer dit Laflèche (1818-1898), Mgr François-Xavier Cloutier (1848-1934), Mgr Alfred-Odilon Comtois (1876-1945) et Mgr Georges-Léon Pelletier (1904-1987), y sont inhumés. Les dépouilles de 45 autres personnes, également enterrées sous la cathédrale, sont déplacées près du pourtour extérieur du monument. Parmi celles-ci se trouvent des évêques auxiliaires, des prêtres et quelques laïcs importants. Au fil des ans, les corps de 22 prêtres sont également mis en terre à leurs côtés. Le mausolée des évêques est un des rares monuments funéraires construits au XXe siècle et réservés essentiellement à des religieux.

La valeur patrimoniale du mausolée des évêques repose aussi sur son association avec l'architecte Jean-Claude Leclerc (né en 1934). Lors d'un séjour en Europe, Leclerc effectue une tournée des principales oeuvres de Le Corbusier, et il travaille dans le bureau du chef d'atelier de ce dernier, André Wogenscky (1916-2004). Cette expérience influence les créations de Leclerc, particulièrement de 1964 à 1967. La plupart des bâtiments qu'il conçoit se trouvent en Mauricie. À partir de 1972, il consacre sa carrière à l'enseignement en devenant le directeur de l'École d'architecture de l'Université Laval, puis professeur. Le mausolée des évêques rappelle la contribution de Jean-Claude Leclerc au paysage moderne mauricien.

La valeur patrimoniale du mausolée des évêques repose en outre sur son intérêt paysager. Implanté dans un espace dégagé au centre du cimetière Saint-Michel, son emplacement offre de multiples points de vue sur son environnement. Le monument est situé dans l'axe de composition principal du cimetière-jardin, qui relie l'entrée principale à un imposant calvaire doté de statues en bronze. Une percée dans le monument permet une vue cadrée vers le calvaire. Depuis l'entrée du cimetière, la perspective sur le mausolée est renforcée par des alignements d'arbres. Le mausolée des évêques constitue donc une des pièces maîtresses du plus important cimetière de Trois-Rivières.

Source : Ville de Trois-Rivières, 2008.

Éléments caractéristiques

Les éléments caractéristiques du mausolée des évêques liés à son intérêt architectural comprennent, notamment :
- le volume, dont le demi-cône élancé de la chapelle, la sacristie hors-oeuvre, la plate-forme en porte-à-faux, le mausolée de plan semi-ovale coiffé d'un toit à deux versants irréguliers, les murs inclinés, ainsi que la juxtaposition d'éléments courbes et rectilignes;
- les matériaux, dont le béton, le verre, le bois ainsi que les éléments ornementaux et architecturaux en métal;
- les ouvertures, dont la verrière, la petite baie carrée, les ouvertures non cloisonnées (une à arc segmentaire), les baies, les soupiraux ainsi que la percée;
- l'ornementation simple, dont les gargouilles, les poutres et les supports apparents ainsi que les textures lisses ou marquées par le décoffrage;
- le mobilier liturgique, dont l'autel, l'ambon et les bancs.

Les éléments caractéristiques du mausolée des évêques liés à son intérêt paysager comprennent, notamment :
- sa situation au centre du cimetière Saint-Michel, sur un terrain dégagé, dans l'axe de l'entrée et du calvaire;
- l'esplanade en béton entourant le mausolée.