Description du lieu patrimonial
Le manoir Mauvide-Genest, classé en 1971, est une ancienne résidence seigneuriale érigée en 1734, probablement surhaussée vers 1738 et agrandie de façon importante avant 1755. Cette imposante demeure en pierre crépie, de plan rectangulaire à deux étages et demi, est coiffée d'un haut toit à croupes. Une chapelle érigée en 1929 est annexée contre le mur pignon ouest. La désignation inclut le terrain. Deux dépendances anciennes, soit un pavillon d'été et une remise, subsistent. Le manoir Mauvide-Genest est situé sur une vaste propriété boisée, bordée par le fleuve Saint-Laurent et traversée par le chemin Royal. Il est implanté à l'entrée du village de Saint-Jean, dans l'arrondissement historique de l'Île-d'Orléans. Un site inscrit à l'Inventaire des sites archéologiques du Québec est associé au lieu.
Valeur patrimoniale
La valeur patrimoniale du manoir Mauvide-Genest repose sur son intérêt en tant que témoin du régime seigneurial. Le manoir est une demeure généralement plus vaste que les autres habitations, servant à la fois de résidence au seigneur et de lieu de perception des cens et rentes. En 1750, Jean Mauvide (1701-1782) devient le procureur du chanoine Joseph-Ambroise Gaillard (1701-1771), seigneur de l'île d'Orléans. En 1752, il acquiert de Gaillard la moitié de la seigneurie comprenant les paroisses de Saint-Pierre et de Saint-Laurent, et accède au titre de seigneur. L'année suivante, il devient également propriétaire de la seigneurie de l'île Madame. Mauvide, qui possède une résidence dans la paroisse de Saint-Jean, l'agrandit de manière à lui donner les dimensions dignes d'un manoir seigneurial. En 1779, Mauvide cède ses deux seigneuries à son gendre René-Amable Durocher (mort vers 1786). Le manoir Mauvide-Genest figure parmi les plus anciennes demeures seigneuriales encore existantes au Québec.
La valeur patrimoniale du manoir Mauvide-Genest repose aussi sur son intérêt architectural. La demeure témoigne de l'architecture d'inspiration française. En 1734, l'année suivant son mariage avec Marie-Anne Genest (décédée en 1781), Mauvide se fait bâtir une maison en pierre sur un terrain acheté de son beau-père Charles Genest (1676-1745). Celle-ci aurait été exhaussée d'un étage vers 1738. Elle est agrandie de façon importante vers l'ouest pour devenir manoir avant 1755. La demeure est caractéristique de la tradition française entre autres par sa maçonnerie en pierre crépie, par son haut toit à croupes couvert en bardeaux de cèdre, par ses fenêtres à battants à petits carreaux ainsi que par ses larges souches de cheminée. Au cours du XIXe siècle, le manoir subit l'influence du style néoclassique, introduit dans l'architecture résidentielle au Québec à partir des années 1810. Cette influence se reflète notamment dans les portails en bois et dans les lucarnes à pignon. En 1929, une chapelle d'architecture traditionnelle est annexée du côté est. Le manoir Mauvide-Genest évoque, par son architecture monumentale, l'autorité et le statut social du seigneur sous le Régime français.
La valeur patrimoniale du manoir Mauvide-Genest repose en outre sur son intégration à l'environnement. La grande propriété plantée d'arbres, qui se prolonge jusqu'au fleuve Saint-Laurent, rappelle le contexte d'origine du manoir seigneurial. La résidence, autrefois entourée de dépendances (dont deux subsistent), est traversée par l'avenue Royale qui relie toutes les paroisses de l'île d'Orléans. Le manoir Mauvide-Genest constitue un lieu privilégié pour remplir la fonction de Centre d'interprétation du système seigneurial sous le Régime français.
Source : Ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine du Québec, 2007.
Éléments caractéristiques
Les éléments caractéristiques du manoir Mauvide-Genest liés à l'intérêt de son architecture comprennent, notamment :
- son imposant volume, de plan rectangulaire à deux étages et demi, coiffé d'un haut toit à croupes légèrement retroussées;
- ses matériaux, dont la maçonnerie de pierre crépie ainsi que le parement du mur pignon ouest et la couverture en bardeaux de cèdre;
- la charpente complexe du toit, les deux larges souches de cheminée en pierre et les épis;
- les nombreuses ouvertures disposées régulièrement, dont les fenêtres rectangulaires à petits carreaux au chambranle en bois ou en pierre, les portes en bois à panneaux surmontées d'une imposte vitrée et inscrites dans un portail néoclassique ainsi que les lucarnes à pignon;
- les éléments menuisés, dont la large corniche moulurée et les planches cornières;
- les éléments intérieurs, dont les pièces en enfilade, les cinq foyers, le four à pain au sous-sol, les plafonds à caissons, les moulures et les plinthes ainsi que les portes menuisées;
- les deux dépendances anciennes, soit le pavillon d'été et la remise;
- les composantes de la chapelle latérale en bois de plan rectangulaire à un étage, dont le toit à croupes légèrement retroussées couvert en bardeaux de cèdre, le clocher à une lanterne sur le faîte ainsi que la porte à double vantail encadrée de portails à arc surbaissé et les fenêtres rectangulaires;
- l'annexe récente à l'arrière.
Les éléments caractéristiques du manoir Mauvide-Genest liés à son intégration à l'environnement et à son intérêt historique comprennent, notamment :
- la relation entre l'édifice et le vaste terrain planté d'arbres se prolongeant jusqu'au fleuve Saint-Laurent;
- l'avenue Royale séparant le manoir du fleuve;
- la présence d'un site inscrit à l'Inventaire des sites archéologiques du Québec.