Description du lieu patrimonial

La maison Sir George-Étienne Cartier est formée de deux maisons mitoyennes, la « maison est » et la « maison ouest ». À l’origine les maisons étaient séparées l’une de l’autre mais maintenant elles forment un seul bâtiment. Les façades orientées vers la rue Notre-Dame et la rue Berri sont construites en pierre de taille et contrastent avec le mur arrière constitué de moellons. Sur la façade de la rue Notre-Dame, on note l’émergence d’appuis de fenêtre et la présence d’une porte cochère surmontée d’un arc segmentaire. Le bâtiment est doté d’un grand toit à fausse mansarde dont le brisis recouvert d’ardoise est percé par plusieurs lucarnes et est orné d’un pavillon à terrasse faîtière. La « maison est » abrite une exposition sur Sir George-Étienne Cartier, bourgeois montréalais et homme politique et la « maison ouest » illustre le milieu de vie de la famille Cartier pendant les années 1860. La maison Sir George-Étienne Cartier est située à la frange nord-est de l’arrondissement du Vieux-Montréal. La désignation se limite au tracé au sol du bâtiment.

Valeur patrimoniale

La maison Sir George-Étienne Cartier a été désignée édifice reconnu, en raison de son importance historique, de l’intérêt qu’elle représente sur le plan architectural et de la place privilégiée qu’elle occupe au sein de son milieu.

Valeur historique
La maison Sir George-Étienne Cartier est un très bon spécimen illustrant l’établissement de la société bourgeoise en milieu urbain et l’évolution de la ville de Montréal au début du XIXe siècle. Elle évoque par ailleurs la carrière politique et l’œuvre de Sir George-Étienne Cartier, l’un des pères de la Confédération.

La maison est directement associée à un personnage d’importance nationale, soit Sir George-Étienne Cartier. Personnage politique influent, Cartier a contribué à façonner plusieurs institutions à l’origine de celles qui régissent encore le Canada et le Québec d’aujourd’hui. Il a également contribué à consolider les bases géographiques et économiques qui conduisirent à l’acquisition des Territoires du Nord-Ouest, à la création de la province du Manitoba et à l’entrée de la Colombie-Britannique dans la Confédération. De plus, il a favorisé politiquement le projet de construction du chemin de fer du Pacifique.

La maison Sir George-Étienne Cartier illustre très bien l’évolution du quartier dans lequel elle se trouve en raison des différentes fonctions qu’elle a abritées au fil des ans, allant d’une maison bourgeoise située dans un quartier résidentiel à un hôtel bordant une rue commerciale, jusqu’à sa fonction actuelle de musée inscrit au cœur d’un quartier touristique.

Valeur architecturale
La maison Sir George-Étienne Cartier est un très bon exemple d’un bâtiment d’inspiration néo-classique qui a connu une évolution architecturale liée à des changements de fonctions au fil des ans. Il en résulte un ensemble cohérent et harmonieux, empruntant aux styles Second Empire et néo-Queen Anne. La maison Sir George-Étienne Cartier possède une très bonne conception fonctionnelle, qui repose en grande partie sur son adaptation du modèle londonien et des maisons regroupées en terrasse. Les matériaux utilisés pour la construction de la maison Sir George-Étienne Cartier sont de très bonne qualité et ont étés assemblés avec soin, tel qu’en témoigne leur bonne durabilité.

Valeur environnementale
La relation historique entre la maison Sir George-Étienne Cartier et son environnement a évolué au fil du temps, suivant l’insertion dans le quartier de plusieurs nouveaux bâtiments aux vocations diverses et suite à des changements apportés au réseau de circulation. Le caractère urbain et la présence de la maison en bordure de la rue demeurent toutefois intacts grâce au maintien de la relation étroite entre la façade et le trottoir, à la préservation de son rapport historique avec la gare ferroviaire et la continuité de l’utilisation du passage cocher. La maison Sir George-Étienne Cartier est bien connue à Montréal en raison de ses associations historiques, de sa fonction comme musée et de sa désignation comme lieu historique national du Canada. La maison est souvent utilisée afin d’illustrer les dépliants touristiques et a été étudiée dans une publication dédiée au patrimoine de la Ville de Montréal.

Sources: Yvan Fortier et Michel Bédard, Le lieu historique national du Canada de Sir-George-Étienne-Cartier, Montréal, Québec, Bureau d’examen des édifices fédéraux du patrimoine, rapport 05-107; Maison Sir-George-Étienne-Cartier, 456 à 462 rue Notre-Dame est, Montréal, Québec, Énoncé de la valeur patrimoniale 05-107.

Éléments caractéristiques

Les éléments caractéristiques de la maison Sir George-Étienne Cartier devraient être respectés.

Sa bonne conception esthétique qui témoigne de son évolution architecturale, soit :
- les traits associés au néoclassicisme, tel que la grande sobriété et la rigueur de la composition qui se traduisent par la superposition des pierres en rangées et les jambages des linteaux monolithes taillés et affleurés, ainsi que par le faible retrait en façade soulignant subtilement le passage du soubassement au rez-de-chaussée, la pierre lisse et à joints maigres des façades donnant sur la rue Notre-Dame, l’ornementation sobre des façades linéaires, de même que certains éléments décoratifs de l’intérieur, tels les balustrades de section carrée;
- les éléments décoratifs subtils et modestes qui respectent le style des maisons d’origine, notamment les appuis de fenêtres, la porte cochère surmontée d’un arc segmentaire dont les pierres rayonnantes forment un extrados en escalier ainsi que les consoles des coupe-feu profilées en cavet;
- les traits évoquant le style Second Empire, en particulier le toit en fausse mansarde dont le brisis est percé par plusieurs lucarnes, orné d’une portion de toit en pavillon et recouvert en ardoise de tonalité grise, taillée en pointe ou en écaille et posée pour former deux bandes rectilignes, l’une au sommet du brisis et l’autre au centre;
- les éléments rattachés au style néo-Queen Anne, tels que la valeur monochrome de la toiture et les lucarnes à fronton dont le tympan est orné d’un soleil radiant stylisé;
- les détails intérieurs, tels que les surfaces plâtrées et les moulures décoratives, les couleurs respectant celles de l’époque où la famille Cartier habitait la maison, la quincaillerie d’origine de même que les caractéristiques qui témoignent de l’usage domestique de la maison.

Sa très bonne conception fonctionnelle, sa construction et ses matériaux de très bonne qualité, comme en témoignent :
- la présence d’un passage cocher et l’utilisation actuelle de celui-ci comme lieu d’accueil des visiteurs;
- l’entrée principale de la « maison ouest » qui est dotée d’un tambour intérieur formant un abri;
- l’ajout harmonieux d’un étage carré au niveau du comble, coiffé d’un toit à fausse mansarde;
- la présence d’une pièce voûtée en brique, attenante à la cuisine, qui aurait servi de chambre-forte ou de cave à charbon;
- les nombreux placards qui subsistent dans les différentes pièces à l’intérieur;
- les vantaux en bois, redoublés en métal sur la face interne qui servaient à fermer les foyers des deux chambres secondaires et à empêcher les retours d’air froid;
- la cloison séparant le bureau de la salle à manger, percée d’une trémie de chauffage fermée à l’aide d’un panneau en été et utilisée pour l’installation d’un poêle à mi-chemin sous la cloison pour chauffer les deux locaux jointifs lors de la saison froide;
- la pierre de taille des façades bordant les rues Notre-Dame et Berri, la pierre et la brique des murs mitoyens ainsi que le plancher en brique qui entoure l’âtre de la cuisine d’origine le long du mur mitoyen de la maison Perry.

La manière dont le bâtiment renforce le caractère urbain, homogène et harmonieux que l’on retrouve actuellement sur la rue Notre-Dame, entre les rues Bonsecours et Berri, et sa valeur comme point d’intérêt, soit:
- son importance visuelle en raison de sa silhouette, de sa hauteur et de ses tonalités sobres;
- la relation étroite entre la façade du bâtiment et le trottoir, la préservation de son lien avec la gare ferroviaire voisine et l’utilisation du passage cocher.