Description du lieu patrimonial
Le site historique et archéologique Le Ber-Le Moyne, classé en 2001, est d'abord un poste de traite, puis un lieu d'habitation occupé du XVIIe au XXe siècle. La désignation inclut une maison érigée initialement au XVIIe siècle, un hangar construit entre 1765 et 1781, et le terrain. Les deux bâtiments en pierre de plan rectangulaire s'élèvent sur un étage coiffé d'un toit aigu à deux versants droits aux larmiers peu saillants. Le terrain qui forme une légère butte est planté de quelques arbres matures. Situé sur une pointe de terre surélevée bordant le lac Saint-Louis, à la tête des rapides de Lachine, ce lieu fait partie de l'arrondissement municipal de Lachine de la ville de Montréal. Il est inscrit à l'Inventaire des sites archéologiques du Québec.
La collection archéologique du site historique et archéologique Le Ber-Le Moyne est classée comme bien archéologique.
Valeur patrimoniale
La valeur patrimoniale du site historique et archéologique Le Ber-Le Moyne repose sur son intérêt historique et archéologique. Ce lieu témoigne de la traite des fourrures en Nouvelle-France. En 1669, les riches marchands montréalais Charles Le Moyne (1626-1685) et Jacques Le Ber (vers 1633-1706) acquièrent une parcelle de terre de René-Robert Cavelier de La Salle (1643-1687), seigneur de la côte Saint-Sulpice. Ces marchands voient en ce lieu une plaque tournante pour le commerce des fourrures. En effet, les routes navigables de l'ouest débouchent sur les dangereux rapides de Lachine qu'il est nécessaire de contourner pour progresser vers Montréal. Situé sur une pointe de terre surélevée juste en amont des rapides, l'endroit constitue alors un arrêt stratégique pour les convois chargés de fourrures se rendant à la foire annuelle de Montréal. Le Ber et Le Moyne font bâtir entre 1669 et 1671 une maison en pierre servant de poste de traite et d'entrepôt de marchandises pour équiper les coureurs des bois. Cet établissement commercial ne perdure qu'environ 16 ans et ne sert plus ensuite que d'entrepôt pour l'échange et le transbordement de marchandises. Les recherches archéologiques et la riche collection d'objets sortis du sol viennent documenter les modes de vie de ceux ayant fréquenté le poste. La présence de matériel de traite, notamment des perles de verre, des épingles, des pipes et des pièces d'armes à feu, illustre bien la fonction du lieu et renseigne sur les relations commerciales entretenues avec les Amérindiens des régions de l'ouest nommées les « pays d'En Haut ».
La valeur patrimoniale du site repose sur l'intérêt de son évolution. Le site est l'un des témoins du « massacre de Lachine » de 1689 au cours duquel il est saccagé par les Iroquois. Abandonné durant quelques années, il est aménagé en ferme par sa nouvelle propriétaire, Marguerite Chorel (née vers 1670) et son époux Guillaume de Lorimier des Bordes (1657-1709), qui s'y établissent en 1695. Le site rappelle ainsi la vocation agricole du secteur qui s'est développé à la fin du XVIIe siècle. Après 1765, la propriété passe aux mains de diverses familles anglophones. Sa situation en bordure du lac Saint-Louis attire les bourgeois de Montréal à la recherche de lieux de villégiature. La maison est ainsi utilisée comme résidence secondaire au XIXe siècle, fonction qu'elle conserve jusqu'au milieu du XXe siècle. D'abord poste de traite, ensuite ferme, puis lieu de villégiature, le site évoque les différentes activités économiques et les modes de vie, dictés notamment par sa situation privilégiée en bordure du lac Saint-Louis, et ce, sur près de 300 ans.
La valeur patrimoniale du site repose sur l'intérêt architectural de la maison et du hangar de pierre. À la suite d'importantes restaurations, ces bâtiments ont retrouvé leurs caractéristiques architecturales d'origine. L'habitation est représentative de la maison rurale d'inspiration française. Ce type est issu des modèles et des savoir-faire français, adaptés aux conditions locales particulières, telles que le climat et la disponibilité des matériaux. La maison en est une illustration par son corps de logis en maçonnerie de pierre, son toit aigu à deux versants droits aux larmiers peu saillants, ses souches de cheminée disposées dans le prolongement des murs pignons et ses ouvertures distribuées de manière asymétrique. Vraisemblablement construite à la fin du XVIIe siècle, la demeure est l'un des rares témoins de l'architecture résidentielle de cette époque. Le hangar, bâti entre 1765 et 1781, est construit selon les mêmes savoir-faire. Cette dépendance, possiblement destinée à l'entreposage de l'équipement de ferme au rez-de-chaussée et des céréales dans les combles, figure parmi les dernières de ce type à subsister aujourd'hui dans la région de Montréal.
Source : Ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine du Québec, 2009.
Éléments caractéristiques
Les éléments clés du site historique et archéologique Le Ber-Le Moyne liés à son intérêt historique et archéologique comprennent, notamment :
- sa situation sur une pointe de terre surélevée en bordure du lac Saint-Louis et en amont des rapides de Lachine;
- la collection archéologique classée comme bien archéologique, dont les pipes en céramique d'inspiration amérindienne;
- les vestiges de maçonnerie conservés sous la terre;
- la portion résiduelle du site renfermant des contextes archéologiques propices à la recherche et à l'interprétation du lieu.
Les éléments clés de la maison comprennent, notamment :
- le volume, dont le corps de logis de plan rectangulaire et peu dégagé, l'élévation d'un étage et le toit aigu à deux versants droits aux larmiers peu saillants;
- les matériaux, dont la maçonnerie de pierre, la couverture de bardeaux de bois, la gouttière en bois et les chambranles en bois pris dans la maçonnerie;
- les ouvertures peu nombreuses et disposées asymétriquement, dont la largeur de la baie accueillant la porte à deux vantaux, les fenêtres à battants à petits carreaux, les contrevents, ses tourniquets en forme d'esse ainsi que l'absence d'ouverture dans les murs pignons et de lucarne;
- les souches de cheminée disposées en chicane dans les murs pignons;
- l'arc de décharge de la base du foyer et d'un ancien four à pain dans le mur pignon est;
- les caractéristiques de l'annexe en bois disposée en retour d'équerre derrière la maison, dont le plan rectangulaire, l'élévation d'un étage, le toit (couvert de bardeaux de bois) à deux versants droits et aux larmiers peu saillants, ses tambours protégeant les entrées, le revêtement de planches posées à la verticale, les fenêtres à battants à grands carreaux et les contrevents.
Les éléments clés du hangar comprennent, notamment :
- le volume, dont le corps de bâtiment de plan rectangulaire et peu dégagé, l'élévation d'un étage et le toit aigu à deux versants droits aux larmiers peu saillants;
- les matériaux, dont la maçonnerie de pierre, la couverture de bardeaux de bois, la gouttière en bois et les chambranles en bois pris dans la maçonnerie;
- les ouvertures peu nombreuses, dont les portes protégées par un tambour, les fenêtres rectangulaires de petites dimensions, les contrevents, les petites baies d'aération des pignons et les tourniquets en forme d'esse.