Description du lieu patrimonial
Le site historique du Banc-de-Pêche-de-Paspébiac, classé en 1981, est un complexe industriel de pêche à la morue aménagé du XVIIIe au XXe siècle. Cet établissement se compose de douze bâtiments - huit en bois de facture vernaculaire, deux en pierre de facture simple et deux de facture plus moderne - et d'une structure en béton. Il comporte une poudrière de pierre (1788); trois « cook-room » et le hangar Robin (début XIXe siècle); un entrepôt de la compagnie Le Boutillier (entre 1845 et 1850); un hangar à farine, une charpenterie et une forge (avant 1870); un « office » de pierre (fin du XIXe siècle); une usine à poisson et un frigo (XXe siècle) ainsi qu'une ancienne chambre forte de béton. Un site archéologique euroquébécois est associé au lieu. Le complexe industriel est situé sur le barachois de Paspébiac, dans la ville du même nom.
Valeur patrimoniale
La valeur patrimoniale du site historique du Banc-de-Pêche-de-Paspébiac repose sur son intérêt pour l'histoire socio-économique de la Gaspésie. Ce complexe constitue en effet un témoin privilégié de l'industrie de la pêche, principal moteur du développement de cette région aux XVIIIe et XIXe siècles. La Gaspésie, réputée pour ses eaux poissonneuses, est d'abord fréquentée par les Amérindiens, puis par les Français dès le XVIe siècle. Néanmoins, les établissements permanents de pêche commerciale sont surtout associés au Régime anglais, puisque c'est à cette période que des entreprises originaires de l'île de Jersey, dont la compagnie Charles Robin qui exploite le banc de Paspébiac, s'y installent pour pêcher et transformer la morue. Elles produisent de la morue salée et séchée, de la morue verte (salée mais non séchée) et de la morue fraîche qui sont exportées notamment en Amérique du Sud et en Europe. Ces sociétés possèdent plusieurs postes de pêche, où elles utilisent un système de gestion basé sur le crédit et le paiement en nature. Ce système place les pêcheurs sous la dépendance de l'entreprise, qui leur fournit des marchandises et du matériel avant le début de la saison de pêche. Les pêcheurs remboursent leur dette à même leurs prises selon les conditions fixées par la compagnie, et la part de poisson qui leur revient doit être échangée dans des magasins aussi sous son contrôle. Le banc de Paspébiac est le chef-lieu de la compagnie Robin au Canada, sa principale base commerciale dans la péninsule gaspésienne au XIXe siècle ainsi que le lieu de naissance de la compagnie Le Boutillier, fondée en 1833 par un ancien employé des Robin. Ces deux compagnies sont les plus puissantes entreprises de pêche anglo-normandes de la Gaspésie. La concentration des opérations à Paspébiac fera de la localité une plaque tournante pour le commerce international des pêches au Canada.
La valeur patrimoniale du site repose aussi sur sa représentativité en tant qu'établissement de pêche commerciale du XIXe siècle. Les infrastructures de pêche de cette époque se composent d'installations et de bâtiments riverains utilisés pour le séchage de la morue ainsi que d'édifices affectés aux diverses étapes de la mise en marché du poisson, allant de la pêche à la transformation de la ressource en passant par la gestion des opérations. Ainsi, le complexe du banc de Paspébiac comprend des entrepôts pour l'hivernage des navires et le remisage des agrès; des installations pour la construction et l'entretien des navires, dont une charpenterie et une forge; une usine de transformation appelée « chafaud »; des locaux pour l'entreposage des produits finis; des bâtiments pour les employés, dont des « cook-room » où sont servis les repas; et des locaux pour l'administration, comme l'« office ». Il s'agit de l'établissement de pêche commerciale québécois le mieux préservé. De plus, le site archéologique qui lui est associé permet de dater et de préciser les activités qui s'y sont déroulées. Enfin, l'usine à poisson et le frigo illustrent la continuité de l'occupation du lieu pour la pêche commerciale.
La valeur patrimoniale du site repose également sur son intérêt pour l'histoire de la colonisation de la baie des Chaleurs. La baie ne se développe en effet que très lentement sous le Régime français et compte une population résidante peu nombreuse. Les premiers hameaux sont détruits ou lourdement endommagés par les troupes britanniques pendant la guerre de Conquête. L'installation d'une société de pêche jersiaise à Paspébiac en 1767 marque donc un tournant. Le banc de Paspébiac, qui est l'un des plus anciens établissements permanents de la baie et le plus vaste de cette partie de la Gaspésie, nécessite beaucoup de main-d'oeuvre et, par conséquent, stimule le peuplement de la baie des Chaleurs.
Source : Ministère de la Culture et des Communications du Québec, 2004.
Éléments caractéristiques
Les caractéristiques du site historique du Banc-de-Pêche-de-Paspébiac liées à sa représentativité en tant qu'établissement de pêche commerciale du XIXe siècle incluent, entre autres :
- sa situation à proximité de la grève, sur le barachois de Paspébiac;
- la concentration d'édifices, notamment les trois « cook-room », le hangar à farine, la charpenterie, la forge, le grand entrepôt de la compagnie Le Boutillier, l'usine à poisson et le frigo, le hangar Robin, la poudrière et l'« office »;
- la présence d'un site archéologique euroquébécois.
Les caractéristiques du site historique du Banc-de-Pêche-de-Paspébiac liées à son architecture incluent, entre autres :
- les particularités des édifices en bois de facture vernaculaire, dont le plan rectangulaire, le solage peu dégagé, le lambris peint en blanc et rouge et le toit à versants droits couvert en bardeau de cèdre;
- les particularités des deux édifices en pierre de facture simple, dont le plan rectangulaire, le solage peu dégagé et le toit à versants retroussés couvert en bardeau de cèdre;
- la présence de deux édifices de facture plus moderne et d'une structure en béton;
- les particularités du grand entrepôt de la compagnie Le Boutillier, dont le plan rectangulaire, l'élévation de cinq étages, le toit à versants droits, la façade principale largement fenêtrée aménagée sur l'un des murs pignons, le parement en bardeau de cèdre peint en blanc, les planches cornières et les chambranles peints en rouge, le toit couvert en bardeau de cèdre et les fenêtres à guillotine.