Description du lieu patrimonial
La Pulperie de Chicoutimi, classée site historique, est un ancien complexe industriel dont la construction s'est étalée de 1897 à 1957. Le site autrefois voué à la production de pâte de bois comprend une vingtaine de structures, dont quatre moulins, un atelier de réparation, une sous-station électrique, des barrages, des conduites d'eau et des voies ferrées. L'ensemble s'étend sur un demi-kilomètre carré le long de la rivière Chicoutimi, à peu de distance de l'endroit où elle se jette dans la rivière Saguenay, tout près du centre-ville du secteur Chicoutimi de la ville de Saguenay. Un site archéologique est associé au lieu.
Valeur patrimoniale
La valeur patrimoniale de la Pulperie de Chicoutimi repose sur son intérêt historique. Fondée en 1896 par Joseph-Dominique Guay (1866-1925), maire de la ville, la Compagnie de pulpe de Chicoutimi joue un rôle de premier plan dans son secteur d'activité de la fin du XIXe siècle jusqu'à 1930. Première usine de fabrication de pâte de bois fondée par des Canadiens français, la Pulperie devient le plus grand fabricant de pâte mécanique (matière première du papier journal) au Canada en 1910, sous la direction de l'industriel Julien-Édouard-Alfred Dubuc (1871-1947). Dix ans plus tard, elle se classe parmi les plus grands fabricants au monde et fait de Chicoutimi l'une des capitales mondiales de cette industrie. Le premier syndicat catholique en Amérique du Nord est fondé par ses employés. À l'échelle locale, l'exploitation de la Pulperie marque la troisième étape de l'évolution économique et démographique de Chicoutimi, après celles du poste de traite (1676-1816) et de la grande scierie Price (1893-1901).
La valeur patrimoniale de la Pulperie de Chicoutimi repose aussi sur son intérêt architectural. Les édifices qui la composent sont représentatifs de l'architecture industrielle du tournant du XXe siècle, qui emploie de nouveaux matériaux tout en conservant des traits stylistiques connus. Ainsi, les bâtiments se présentent comme de longs volumes rectangulaires constitués d'une ossature métallique combinée à du béton, dissimulée derrière des murs de brique ou de granit. Ils sont coiffés d'un toit métallique à deux versants droits, à l'exception de la sous-station électrique couverte d'un toit plat. Les façades avant et arrière à pignons galbés sont empruntées à l'architecture hollandaise. Enfin, les fenêtres en arc de cercle utilisées pour l'ensemble des bâtiments sont caractéristiques de l'architecture industrielle de cette période.
La valeur patrimoniale de la Pulperie de Chicoutimi repose également sur son intérêt archéologique. Les vestiges, notamment le barrage, les murs des bâtiments, les traces des ouvertures des conduites d'eau des moulins, les ancrages au sol et les dalles de béton de la machinerie, témoignent de l'industrie de la pâte de bois au Québec au début du XXe siècle.
La valeur patrimoniale de la Pulperie de Chicoutimi repose également sur son intégration à l'environnement. Au XIXe siècle et au début du XXe siècle, ce type d'industrie s'installe à proximité de cours d'eau capables de fournir l'énergie nécessaire au fonctionnement de la machinerie. Les installations de la Pulperie s'étendent sur un demi-kilomètre carré en bordure de la rivière Chicoutimi, à proximité de son embouchure, suivant le dénivelé du terrain et les sinuosités du cours d'eau. Elles sont situées au fond d'une cuvette rocheuse et argileuse, près de l'avant-dernière chute, à un endroit stratégique où le relief accidenté entraîne un fort débit d'eau. Son emplacement a donc été choisi de manière à profiter au maximum des avantages de la rivière et constitue un témoignage éloquent des pratiques de l'industrie de la pâte de bois à cette époque.
La valeur patrimoniale de la Pulperie de Chicoutimi repose par ailleurs sur son association avec des concepteurs de renom. Les bâtiments portent la signature de nombreux architectes et ingénieurs, dont René-Pamphile Lemay (1870-1915), l'un des architectes les plus en vue de l'est du Canada au début du XXe siècle. Par les plans du deuxième (1903) et du troisième moulin (1911), ce dernier confère à l'ensemble son style architectural particulier. En 1921, l'ingénieur Édouard Lavoie prend la relève de Lemay et fait construire l'atelier de réparation et le quatrième moulin selon le même modèle. La participation de ces professionnels à la construction de la Pulperie a contribué à faire entrer la région du Saguenay dans la modernité.
Source : Ministère de la Culture et des Communications du Québec, 2004.
Éléments caractéristiques
Les éléments caractéristiques de la Pulperie de Chicoutimi rattachés à sa valeur architecturale incluent, notamment :
- la présence de quatre moulins, d'un atelier de réparation et d'une fonderie, d'une sous-station électrique et d'une cheminée d'équilibre;
- les éléments liés au style des bâtiments, dont les façades avant et arrière à pignons galbés;
- les éléments liés à l'architecture industrielle, dont les longs volumes rectangulaires, l'ossature de métal et de béton, les revêtements de brique et de granit, les toits métalliques à deux versants, le toit plat de la sous-station électrique ainsi que les fenêtres cintrées à petits carreaux de type industriel (possiblement en acier);
- la centrale hydro-électrique de la Eastern Mining and Smelting.
Les éléments caractéristiques de la Pulperie de Chicoutimi rattachés à sa valeur archéologique incluent, notamment :
- le barrage, les murs des bâtiments, les traces des ouvertures des conduites d'eau des moulins, les ancrages au sol et les dalles de béton de la machinerie.
Les éléments caractéristiques de la Pulperie de Chicoutimi rattachés à son intégration à l'environnement :
- sa situation le long de la rivière Chicoutimi, à proximité de son embouchure, suivant le dénivelé du terrain et les sinuosités du cours d'eau;
- son emplacement au fond d'une cuvette rocheuse et argileuse, près de l'avant-dernière chute, à un endroit stratégique où le relief accidenté entraîne un fort débit d'eau.