Description du lieu patrimonial
Le théâtre Orpheum est un édifice de trois étages situé sur la rue Granville, au cœur du quartier des divertissements de la ville de Vancouver, à côté d’autres édifices commerciaux édouardiens. Il a été agrandi dans les années 1980 et une nouvelle entrée a été créée sur un côté du bâtiment. La façade sur la rue Granville recouverte de brique et de terre-cuite a conservé sa symétrie d’origine et sa grande marquise surmontée d’une enseigne au néon verticale. La reconnaissance officielle désigne l’extérieur et l’intérieur de l’édifice sur son lotissement légal.
Valeur patrimoniale
Le théâtre Orpheum a été désigné lieu historique national du Canada en 1979, parce qu’il est l'une des rares salles de spectacle d'autrefois qui subsistent encore dans leur état original.
Appelé aussi «Grand Old Lady of Granville», le quatrième théâtre Orpheum de Vancouver était l’un des dix-sept grands cinémas au Canada construits par l’Orpheum Circuit, basé à Chicago, et le plus vaste et le plus extravagant de la côte du Pacifique. Il illustrait la confiance de la compagnie en la croissance métropolitaine de Vancouver et il est devenu un symbole du progrès de Vancouver.
Le théâtre Orpheum a été conçu par B. Marcus Priteca, un architecte de Seattle qui a dessiné les plans de près de deux cents théâtres, de San Diego à l’Alaska. Priteca a introduit de nombreuses innovations à la conception du théâtre, notamment un plafond à triple dôme, un profond balcon en porte-à-faux dont l’angle des rangées de sièges a été soigneusement calculé pour offrir de meilleures lignes de visibilité, une fosse d’orchestre et une mezzanine. Priteca était également maître dans l’art de créer à peu de frais une illusion d’opulence en recouvrant le béton armé de motifs décoratifs en plâtre. Frederick J. Peters a été l’architecte collaborateur du projet.
L’Orpheum est un excellent exemple de la conception architecturale des théâtres des années 1920. Situé au centre d’un quartier urbain, il offrait un grand nombre de places, un foyer spacieux et un décor intérieur somptueux qui créait une atmosphère d’opulence exotique. Dans tous les espaces publics richement décorés, une série de motifs répétitifs, tels que les colonnades, créent une stimulation visuelle constante et de nombreuses perspectives commandées. Le design est un mélange d’influences architecturales – les plafonds en voûte du grand hall et du foyer, le revêtement en terre-cuite sur la partie inférieure des marquises et les murs et piliers en travertin d’influence italienne, les motifs exotiques des plafonds, les emblèmes héraldiques britanniques, les lustres en cristal de Tchécoslovaquie, les panneaux d’inspiration mauresque de l’orgue et le style baroque du revêtement des plafonds et du dôme.
Le théâtre Orpheum fut un symbole important du développement de la rue Granville en tant que quartier des divertissements entre 1920 et les années 1940. Longtemps géré par Ivan Ackery, l’homme de spectacle renommé, le théâtre a accueilli de nombreuses pièces prestigieuses, la plupart reliées aux productions de l’Orpheum Circuit. Au fil des années, le public a pu apprécier des concerts, des pièces de vaudeville et des projections cinématographiques, et l’Orpheum a vu défiler des artistes mondialement célèbres. L’Orpheum a accueilli le premier radio théâtre de Vancouver et on trouve à l’intérieur la « Starwall Gallery » et à l’extérieur la «Starwalk» qui honorent les artistes de la province ayant excellé dans les arts de la scène.
Le théâtre a fait l’objet de l’un des premiers grands projets de conservation patrimoniale entrepris à Vancouver. Des rénovations ont été éffectuées, entre 1974 et 1977, par la firme Thompson, Berwick, Pratt and Partners de Vancouver. De nos jours, il demeure la principale salle de concert municipale et l’Orchestre symphonique en est le principal locataire.
Sources: Commission des lieux et monuments historiques du Canada, Procès-verbal, novembre 1979; Document de sélection, 1979.
Éléments caractéristiques
Parmi les principaux éléments contribuant au caractère patrimonial du théâtre Orpheum, il faut noter :
- le design extérieur symétrique de la façade classique, le revêtement de brique et terre-cuite et les pilastres décoratifs, la grande fenêtre en arcade et la balustrade le long de la ligne de toiture, l’auvent qui surmonte l’entrée, l’enseigne au néon verticale sur la façade de la rue Granville;
- la construction en béton armé et poutres en acier;
- la disposition intérieure caractérisée par la triple hauteur du foyer décoré de colonnades en pierre artificielle et l’élégant plafond à caissons, le vaste espace intérieur unifié de l’auditorium, défini par la voûte richement ornée de motifs de plâtre et le dôme construit sur un cadre de métal suspendu à des poutres d’acier et à des entretoises massives sur une portée de 36,5 mètres, le balcon en porte-à-faux créé par un réseau de poutres d’acier équilibrées, et le grand escalier à plusieurs paliers qui s’élève jusqu’au niveau principal de l’auditorium;
- les finis décoratifs, notamment les ornements en plâtre d’inspiration européenne, les sols en terrazzo, les murs en travertin, les bases en marbre, les plafonds richement décorés, les balustres du grand escalier majestueux, les garnitures et moulures décoratives en plâtre, les lustres en cristal de Tchécoslovaquie et les deux tapisseries en soie brodées à la main intitulées «Long Life» et «Happiness» offertes au théâtre par la communauté chinoise en 1927;
- la série répétée d’arcades qui créent un effet d’unité et de progression jusqu’à la scène, en plus de ponctuer l’espace et de former une série de « scènes » dans le hall;
- la scène en bois dur (érable);
- l’ancienne cabine de projection en béton armé; et
- le rare exemplaire d’orgue de théâtre Wurlitzer.